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29 novembre 2008

SIX IDEES RECUES SUR LE BIO

On le sent bien, le bio a le vent en poupe. Nous sommes 84 % en France à souhaiter son développement. Mais nous ne sommes encore que 25 % à en acheter (Source : AgenceBio). Alors quels sont les obstacles qui nous retiennent ?
Nous avons recensé six idées reçues sur le bio et demandé ce qu'il en pensait à Philippe Desbrosses, agriculteur, Docteur en sciences de l'environnement, Expert consultant auprès de l'Union Européenne et Chargé de mission auprès du Ministère de l'agriculture.


Idée reçue n°1 : "Le bio ce n'est pas vraiment du bio."
- Chez beaucoup de consommateurs, un doute subsiste : un agriculteur ne peut pas cultiver totalement bio parce que les voisins polluent…

Philippe Desbrosses : Toutes les enquêtes récentes de la Répression des fraudes, de 60 millions de consommateurs ou de Que Choisir concluent qu'on ne trouve pas de résidus de pesticides dans les produits bio, à l’exception de traces non significatives sur 4% des échantillons. J'en suis moi-même surpris compte tenu du fait qu'on n'est pas dans une bulle et qu'on est obligé de recevoir la pollution des autres. Mais le niveau de traitement sur les cultures conventionnelles est tel qu'on voit bien la différence entre ceux qui traitent et ceux qui ne traitent pas.

       

- Certains disent qu'il y a beaucoup de fraudes sur les produits bio. À l'arrivée on n'est pas sûr que les produits bio soient vraiment bio…
        PhD : La fraude au niveau des producteurs est impossible parce que l'agriculture biologique a un système de contrôle extrêmement rigoureux. C'est du reste la seule agriculture à être contrôlée. L'agriculture raisonnée est très loin du compte, d’ailleurs elle est en train de disparaître tout doucement. Il y a au maximum quelques centaines d'agriculteurs en France qui s'en réclament alors qu'il y en a 12 000 en agriculture biologique, qui sont contrôlés chaque année.

       

Et puis vous savez, les agriculteurs qui s'engagent dans la voie du bio ne le font pas pour faire fortune. C'est un engagement citoyen pour le respect de la planète et pour leurs enfants ou leurs petits-enfants.

       

- Et les fraudes sur les produits importés ?
        PhD : Il y a eu quelques cas, il y a une dizaine d'années, mais les fraudeurs ont été pris et les condamnations ont été très sévères. Plus personne ne s'amuse à ce jeu-là maintenant.

       

Idée reçue n°2 : "Le bio c'est moins bon et c'est pas sain"
- Des adversaires du bio considèrent qu'en agriculture biologique on ne peut pas lutter contre les maladies des plantes, les produits sont donc moins sains.

PhD : Ce qui fait la qualité des plantes cultivées en bio c'est qu'elles se défendent elle-même. Le principe, c'est de donner aux plantes toutes les conditions d'un développement harmonieux pour qu'elles n'aient pas besoin d'être traitées. Pour qu'une plante soit en bonne santé, est-ce qu'on doit bien la nourrir ou est-ce qu'on doit bien la traiter ? Dans le premier cas, en bio, on privilégie les moyens naturels, l'anticipation des maladies, la rotation de cultures, ce qui correspond à une bonne agronomie. Dans le deuxième cas, en agriculture intensive, on fait du traitement préventif, au moindre signe, on déclenche la guerre des pesticides. On modifie alors le métabolisme des plantes, on favorise la prolifération d'insectes secondaires qui deviennent extrêmement virulents et qui font autant de dégâts que l'insecte qu'on a voulu combattre.

       

- Il y a beaucoup d'insectes résistants aux pesticides ?
        PhD : Une étude américaine montre qu'il y avait 7 insectes résistants aux pesticides en 1930, 25 dans les années 40, 200 dans les années 50, et on en a 900 aujourd'hui… La nature reprend toujours le dessus. Le parasitisme a un rôle, il est là pour éliminer les plantes malades.
En fait les pesticides provoquent des proliférations d'insectes. Quand on traite les araignées rouges, cela crée une virulence plus grande chez les araignées et un cycle de ponte supplémentaire, donc une génération supplémentaire.

       

- On obtient en fait le contraire de l'effet recherché ?
        PhD : Exactement. Des publications scientifiques, notamment celle de Dufresnoy dans les années 30, démontrent que quand on met des pesticides on inhibe la production de cytoplasme dans la cellule et on provoque un déséquilibre des protides au bénéfice des glucides. On a un stockage de sucres qui fait que la plante devient la proie du parasitisme, parce que la relation entre la plante et le parasite est d'ordre nutritionnel.
Des études de l'INRA de Bordeaux (Francis Chaboussou), montrent que le jour où on met un pesticide dans un champ, c'est fini, c'est comme la drogue, on ne peut plus s'en passer. On crée désordre sur désordre qui obligent à une course infernale, il faut utiliser des pesticides toujours plus puissant pour juguler des maladies qui sont devenues permanentes dans le champ.

       

- Ces mêmes adversaires du bio disent que, du fait du transport et du mode de conservation, la qualité microbienne des produits bio est moins bonne.
PhD : Les produits bio sont soumis à la même réglementation que les produits conventionnels. Avec en plus la contrainte de ne pas utiliser de produits dangereux. Un bruit a couru sur le fait que le bio qui n'utilise pas de fongicides serait susceptibles de développer des mycotoxines, une sorte de champignon toxique. Aucune preuve n'a été avancée. En revanche, lors d'une réunion de la FAO en août 2000 à Porto, les experts, se basant sur six ans d'études, ont même démontré qu'il y avait moins de danger avec les mycotoxines en bio qu'en conventionnel, parce qu'en bio, pour le lait par exemple, on n'utilise pas de tourteaux stockés pour la nourriture des bêtes, on privilégie le lien au sol et la nourriture à l’herbe.

       

- Un certain discours officiel prétend qu'il n'est pas prouvé qu'un produit bio soit meilleur pour la santé.
        PhD : On entend beaucoup en ce moment ce refrain : "c'est sûr, le bio est bon pour l'environnement mais pas forcément meilleur pour la santé". Je fais appel au bon sens. Comment expliquer que ça puisse être bon pour la planète mais pas pour les gens qui vivent dessus ?
D'après un film qui vient sortir qui s'appelle "Nos enfants nous accuserons", on saurait maintenant que des maladies comme celle de Parkinson relèvent à 70 % de l'utilisation de pesticides.
Et si le bio n'était pas meilleur pour la santé pourquoi le Premier Ministre aurait-il fait une lettre de six pages pour exhorter les administrations à montrer l’exemple et à introduire au moins 20% de produits bio dans la restauration collective, notamment les cantines de nos enfants ?

       

- De nombreux consommateurs pensent que beaucoup de produits bio sont très mauvais, comme les vins par exemple.
        PhD : Ça a été vrai il y a trente ans ! Aujourd'hui tous les grands crus sont en bio. Ils ne communiquent pas forcément dessus, mais regardez : Montrachet-Pouligny, Romanée Conti, Petrus… Ils sont en bio, même en biodynamie, et dans certains vignobles, ils ont réintroduit la traction animale.

 

Idée reçue n°3 : "Le bio c'est mauvais pour l'environnement"
J'ai entendu des viticulteurs prétendre qu'en agriculture biologique, on utilise des produits comme le cuivre qui sont pires que les pesticides pour l'environnement.

PhD : On en utilise quatre fois moins que dans les vignes classiques ! Je ne nie pas que le cuivre pose problème, mais on est loin du niveau de pollution qu'il y a dans les vignobles en conventionnel, où l'on utilise aussi le cuivre ainsi que, pour le remplacer, des produits de synthèse qui sont très dangereux.
Pour lutter contre certaines maladies comme le mildiou, les doses de cuivre recommandées par les techniciens sont de l'ordre de 12 kg/ha, alors que les producteurs bio s'en sortent avec 3 kg/ha…
Tout est une question de quantité. Le cuivre est biodégradable, et dans certains cas peut remédier à des carences en cuivre dans les sols. Or le cuivre est très important notamment dans la synthèse de la vitamine C. C'est une question d'équilibre général.

       

Idée reçue n°4 : "À quoi bon manger bio ?
Les "akoibonistes" disent : "de toute façon on vit plus vieux qu'avant  et puis il y a tellement de pollution partout !"

        PhD : Sur quoi se base-t-on pour dire qu'on vit plus vieux qu'autrefois ? Sur des générations qui sont nées au début du XXe siècle et qui ont connu pendant toute la première partie de leur vie une autre hygiène alimentaire. On va aborder maintenant la nouvelle génération nourrie au MacDo et au Coca-cola, avec le stress urbain, on va voir ce qui va se passer. D'ailleurs l'espérance de vie a déjà commencé à diminuer.
Et ceux qui disent que la bio ça ne sert à rien, puisque de toutes façons le monde entier est pollué, je les compare à de gens qui souhaiteraient qu'on achève les blessés au bord des routes. Il est vrai que nous ne sommes pas responsables de l'état de l'environnement que nous avons mais au moins, essayons de l'améliorer.

       

Idée reçue n°5 : "Le bio c'est pour les bobos"
On le constate sur nos marchés, un produit bio, c'est plus cher qu'un produit normal. Cela voudrait-il dire que les produits bio ne concernent qu'une petite frange de consommateurs privilégiés ?

        PhD : Le bio progresse dans toutes les catégories sociales et dans toutes les générations. C'est une question de prise de conscience. Il n'y a pas une catégorie aisée qui consomme plus du bio, même si, je le reconnais, c'est plus facile pour elle.
Et puis chaque consommateur en tant que contribuable paie une part des subventions qui, au total en France, représentent 12,5 milliards d'euros par an. Ces subventions vont en masse à l'agriculture la plus polluante. Il n'y a pas de subvention par exemple pour les fruits et légumes, qui ne représentent par voie de conséquence que 2 % de la surface agricole. Résultat : 1500 semi-remorques traversent la frontière tous les jours à Perpignan pour nous apporter du sud les fruits et légumes dont nous avons besoin en Europe ; ce sont des produits qui contiennent 90 % d'eau et qu'on fait venir de pays qui connaissent la sécheresse alors qu'on devrait produire l'essentiel de nos besoins à proximité des grands bassins de consommation.
Par ailleurs dans les produits conventionnels, il faut prendre en compte un coût caché : les subventions, comme je viens de le dire, mais aussi la dégradation des sols, la pollution des nappes phréatiques… Il faudra payer un jour pour cela.
C'est très injuste de dire que le bio coûte plus cher. Simplement avec le bio on paie le vrai prix. En fait, il faut inverser notre raisonnement : l'agriculture bio coûte beaucoup moins cher à la collectivité parce qu'elle n'hypothèque pas l'avenir et ne vit pas de subventions.

       

Idée reçue n°6 : "Le bio ce n'est pas réaliste"
- On entend certains agriculteurs et certains économistes dire que l'agriculture biologique n'est pas rentable, qu'il n'y a pas de modèle économique. D'après eux, les agriculteurs bio seraient de doux rêveurs, des babas cool, des idéologues.

        PhD : Il y a 286 études collectées par les universités américaines, indiennes et anglaises, qui montrent que l'agriculture biologique est plus productive et plus durable. Dans les pays où les conditions physiques sont difficiles c'est l'agriculture biologique qui est en tête en terme de rendement.
Une étude américaine publiée en 94 dans "American Scientic" a montré qu'il faut 300 unités d'intrants (produits nécessaires au fonctionnement de l'exploitation agricole : engrais, amendements, pesticides, équipements, carburant, etc.) pour produire 100 unités de nourriture en agriculture conventionnelle, alors qu'il en faut 5 seulement en agriculture biologique ! Il est donc beaucoup plus cher de produire en conventionnel qu'en bio. Avec la crise financière actuelle, ça va devenir très voyant, on ne va plus pouvoir tricher avec les chiffres et "les coûts cachés".
Par ailleurs, en bio on ne cherche pas un rendement maximum. On cherche un rendement optimum pour qu'il soit durable. Si vous payez les derniers quintaux très chers, ça sert à quoi de produire 100 quintaux ? C'est ridicule.

            

- Les mêmes disent que l'agriculture biologique ne permettrait pas de nourrir l'humanité.
        PhD : 400 experts de la FAO, venus de 80 pays, réunis du 3 au 5 mai 2007 à Rome, ont conclu que l'agriculture biologique, après trente ans d'expérimentation sur l'ensemble des continents, avait fait la démonstration qu'elle pouvait nourrir toute la population de la planète aussi bien que l'agriculture conventionnelle sans les inconvénients de celle-ci.
Notre agriculture est essentiellement pétrolière, quand on voit le cours du pétrole, la dégradation des sols, l'état des nappes phréatiques, la baisse des rendements, est-ce qu'on va pouvoir continuer longtemps comme ça ? La famine c'est ce modèle-là qui la prépare.

            

Le bio, qu'on l'appelle ainsi ou "agriculture naturelle' ou "à haute valeur environnementale", c'est plus qu'une méthode de production. Cela participe d'un nouvel art de vivre, une recherche des êtres humains vers la solidarité, le respect des générations futures, le respect de la terre. Quand Colbert faisait planter les chênes de la forêt de Tronçais pour qu'ils servent 150 ans plus tard à faire les mâts des navires, il n'était pas simplement dans l'amour du prochain mais aussi dans l'amour du lointain! Il s'agit-là de valeurs morales qui guident nos actions.

       

 

       

Propos recueillis par Félix Franck

Une interview de Philippe Desbrosses, agriculteur, Docteur en sciences de l'environnement, Expert consultant auprès de l'Union Européenne et Chargé de mission auprès du Ministère de l'agriculture pour approfondir ces questions : http://www.viesaineetzen.com/actu/six-idees-recues-bio.php   

 

   
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Commentaires
R
After read blog topic's related post now I feel my research is almost completed. happy to see that.Thanks to share this brilliant matter.
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